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La station-service de biogaz de Frutigen a été inaugurée en novembre, en même temps que l’installation de biogaz Frutigland GmbH. Quelles sont les réactions et quel est le taux d’exploitation? Les gens sont ravis de pouvoir conduire leurs voitures avec leurs propres déchets (boues d’épuration et eaux usées de la Maison tropicale). Les réactions sont très positives. Nous comptons déjà plus de 35 clients qui s’approvisionnent en biogaz régional. Actuellement, l’installation est exploitée à environ 20 %. Seule une petite partie du biogaz est utilisée comme carburant. Outre pour l’exploitation de la station-service, la plus grande part de biogaz est convertie en électricité dans une usine de biogaz. Ouverture de la station-service de biogaz de Frutigen en novembre 2019. Source: «rouleBiogaz» Existe-t-il d’autres projets avec pour objectif la promotion du biogaz pour la mobilité? Dans les domaines où nous souhaitons clarifier des questions d’ordre général, nous élaborons des études et des calculs, par exemple pour l’aménagement du territoire ou le transport de biogaz par route. Nous produisons des vidéos explicatives et travaillons avec les illustrateurs dans le but de mettre en images les thèmes autour du biogaz. Un exemple est l’illustration du fonctionnement du cycle de biogaz/CO2: des déchets organiques jusqu’à la fermentation de biogaz afin de le transformer en énergie et en engrais, en passant par le CO2 qui sort du pot d’échappement et favorise la croissance des plantes. De plus, nous participons au moins deux fois par an à des manifestations ou des foires pour discuter du biogaz directement avec le public. De manière générale, quel est votre degré de satisfaction concernant le biogaz/GNC et la mobilité en Suisse? L’impatience ainsi que le souhait d’avancer plus vite nous ont animés au départ. Malheureusement, ce sont ces mêmes facteurs qui nous animent aujourd’hui encore. Les moulins sont trop lents, les obstacles administratifs sont encore nombreux. Et les nombreuses exigences rendent les petits projets bien trop coûteux. Dans le même temps, nous sommes satisfaits que la Suisse possède une branche de biogaz forte et active depuis les années 1980 et qu’elle dispose d’un vaste savoir-faire. Nous considérons aussi d’un œil positif le fait que l’Office fédéral de l’énergie et la Fondation suisse pour le Climat promeuvent des projets relatifs au biogaz et que le secteur gazier encourage le biogaz, en particulier la production suisse. Dans quel domaine voyez-vous encore du potentiel? Les déchets suisses peuvent être encore mieux utilisés. L’agriculture, notamment, présente un grand potentiel inexploité. En effet, à ce jour, seuls 6 % de fumier et de lisier sont transformés en énergie. Le biogaz offre une valeur ajoutée à multiples niveaux: Les déchets sont utilisés sur le plan énergétique, ils remplacent les carburants fossiles, génèrent de l’engrais et réduisent les émissions à effet de serre. En même temps, il crée des emplois et de la valeur. Dans les régions décentralisées, à savoir en-dehors du réseau régional de gaz, il existe certainement 40 sites adéquats pour accueillir des stations-services purement destinées au biogaz qui pourraient consolider le réseau de gaz naturel/biogaz, augmentant le nombre à quelque 200 stations en Suisse. Sibylle Duttwiler lors de la visite de la station-service de biogaz de Schönenwerd. Source: Ecoviva Comment ce potentiel peut-il être exploité? Le monde politique doit absolument s’ouvrir à la technologie. Cela signifie étendre son horizon, sortir de son propre jardin et avoir l’esprit ouvert pour les évolutions futures. Ne pas empêcher, mais rendre possible, travailler ensemble, et non les uns contre les autres. Ensemble, tout se fait mieux et plus vite! Vous êtes ingénieure HES en génie mécanique spécialisée en technique énergétique. En quoi le biogaz vous fascine-t-il personnellement et pourquoi vous engagez-vous en tant que présidente de la coopérative? En tant qu’ingénieure en génie mécanique, mais aussi de manière générale, je suis de nature créatrice. J’aime résoudre des problèmes. Ma devise: impossible n’existe pas. Grâce au biogaz, nous avons une solution pour la transformation des déchets pour la mobilité et pour l’engrais. Une solution si complète, c’en est presque effrayant. Et ce, grâce à une technologie simple et douce, sans déchets. C’est fascinant. Entretemps, nous disposons de la technique nécessaire pour transformer le biogaz de façon à ce que les véhicules puissent circuler à la fois avec le gaz naturel et le biogaz. Toutefois, le problème de la mobilité au biogaz n’est plus d’ordre technique, mais réside dans le fait qu’elle n’est pas assez connue et acceptée. Le défi est de rendre le biogaz aussi courant que l’essence aujourd’hui. Selon vous, à quoi ressemblera la mobilité du futur? Il devrait exister un mélange de mobilité ouvert à la technologie, mais exclusivement avec des carburants renouvelables, à savoir l’électricité, le biogaz, l’hydrogène et d’autres carburants, tous renouvelables. Selon le domaine d’activité, un véhicule au biogaz est mieux adapté qu’une voiture électrique, etc. De mon point de vue, les transports publics, le vélo et l’autopartage joueront un rôle essentiel. Nous devons utiliser nos ressources de façon plus économique, ou l’efficience et la transformation des déchets ne serviront à rien. (cst., 30 septembre 2020)«Les déchets suisses peuvent être encore mieux utilisés. L’agriculture, notamment, présente un grand potentiel inexploité»