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38’615 véhicules GNC ont été mis en circulation en Italie. Source: Istock
L’année passée, près de 70 000 véhicules GNC ont été mis en circulation en Europe, dont 38 615 rien qu’en Italie. Notre voisin est et reste le champion d’Europe lorsqu’il s’agit de remplir les réservoirs de «metano». Rien de surprenant à ce sujet: le réseau des stations-service GNC a connu un développement optimal. Il y a, à l’heure actuelle, 1375 stations-service en activité, soit une station-service chaque huit kilomètres en moyenne.
L’Italie peut se prévaloir d’une longue tradition dans le domaine du GNC. Dans les années 1930 et 1940 déjà, des moteurs à gaz étaient utilisés dans les voitures de tourisme, les camions, les autobus et les trains: comparés à d’autres types de moteurs à combustion, ces alternatives émettaient 25 % de CO2 en moins, jusqu’à 50 % d’oxydes d’azote (Nox) en moins et presque aucune particule fine (PM 2,5/10). Aujourd’hui, près de 2 % des véhicules immatriculés en Italie sont équipés de moteurs GNC. Et cette proportion pourrait continuer à augmenter: selon un décret récent du gouvernement italien, un total de 3,7 milliards d’euros sera investi dans le renouvellement et la modernisation des bus de transports publics locaux jusqu’en 2033. Licia Balboni, présidente de Federmetano, explique pourquoi le GNC fait l’objet d’une telle promotion en Italie.
Madame Balboni, l’Italie est, aujourd’hui encore, le numéro 1 européen des immatriculations de voitures de tourisme au GNC. Comment se fait-il que tant d’automobilistes choisissent cette alternative plus écologique?
Licia Balboni, présidente de Federmetano: Comme vous l’avez déjà mentionné, l’Italie peut compter sur une longue tradition d’utilisation du GNC comme carburant de véhicules à moteur. Grâce à son expérience globale en la matière, notre pays occupe une place de choix dans ce domaine et fait office de modèle sur lequel d’autres pays peuvent s’appuyer pour développer leur mobilité durable. Le savoir-faire que nous avons acquis au fil des ans permet à la population de percevoir ce carburant comme une solution efficace. Le GNC est considéré comme une alternative fiable. S’ajoutent à cela les propriétés du GNC et ses différentes déclinaisons telles que le biogaz, le GNL ou le BioGNL qui peuvent être résumées par quatre notions clés: écologie, rentabilité, utilité et sécurité.
«Le gaz naturel est une source d’énergie sûre»
Qu’est-ce que cela signifie pour vous?
En termes d’écologie, le recours au gaz naturel comme carburant est sans aucun doute le chemin le plus court vers une mobilité durable. Le GNC a pour avantage, par rapport à d’autres carburants, de contribuer non seulement à réduire les polluants à l’échelle locale (PM10, PM2,5, NOx et SOx), mais aussi à faire baisser de manière sensible les émissions de CO2 nocives pour le climat. Ces valeurs s’approchent de zéro avec le biogaz. Le gaz naturel est aussi attrayant pour les consommateurs grâce à son aspect rentable. Aujourd’hui, certaines voitures peuvent parcourir 100 km pour EUR 3.50 de carburant. N’oublions pas que le contenu énergétique de 1 kg de gaz naturel équivaut environ à celui de 1,5 litre d’essence, 1,33 litre de diesel ou encore 2 litres de GPL. Outre la possibilité de transformer des voitures équipées d’autres moteurs en véhicules GNC grâce à des kits du marché secondaire, les véhicules GNC ont aussi pour avantage d’être moins chers à l’achat que les autres voitures écologiques. Le consommateur dispose ainsi d’un véhicule plus écologique à un prix abordable. Il ne faut pas sous-estimer ces facteurs si l’on pense que la mobilité verte ne doit pas seulement être écologique, mais aussi supportable sur les plans économique et social pour être applicable à large échelle.
Un réseau dense de stations-service est sûrement aussi très utile…
Il est nécessaire de disposer d’un réseau national de stations-service de GNC ou de biogaz pour un approvisionnement fiable de ce carburant très prometteur. Il y a, en Italie, 1375 stations-service proposant du gaz naturel, dont 51 sur les autoroutes en 2020, soit en moyenne une station-service GNC chaque 8 kilomètres à l’échelle nationale (sans compter la Sardaigne). Et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Ces dix dernières années, la tendance est à une hausse de 5 % d’année en année. À l’heure actuelle, ce réseau permet à 2 % du parc automobile italien de faire le plein, soit plus d’un million de véhicules au gaz naturel. Il sera par ailleurs bientôt possible de faire soi-même le plein de gaz naturel. Cette nouveauté permettra aux clients de se tourner plus facilement vers le gaz naturel. Et en ce qui concerne la sécurité, le gaz naturel est une source d’énergie sûre. Ses molécules sont plus légères que l’air et se volatilisent rapidement dans l’atmosphère lorsqu’elles s’échappent, de sorte qu’elles ne se concentrent pas suffisamment pour provoquer des déflagrations ou des explosions. Les réservoirs des véhicules au gaz naturel satisfont aux exigences sévères de sécurité et de crash-test des fabricants. Ils font par ailleurs l’objet d’un contrôle direct pour les cylindres composites GNC de type IV par les inspecteurs des services d’immatriculation. En cas de recours à des réservoirs en acier, une vérification hydraulique de leur pression doit être réalisée conformément à la norme européenne ECE-R110.
«Le savoir-faire que nous avons acquis au fil des ans permet à la population de percevoir ce carburant comme une solution efficace.»
Où voyez-vous encore un potentiel de développement de la mobilité GNC en Italie?
Le GNC est une source d’énergie idéale. L’association Federmetano s’engage afin que les consommateurs prennent encore plus conscience des avantages du gaz naturel et qu’ils continuent ainsi à le considérer comme la meilleure alternative. Le potentiel du GNC est aujourd’hui sans doute renforcé par la progression toujours plus importante du biogaz, un carburant totalement renouvelable avec des trajets de transport courts.
Y a-t-il aussi des défis à relever?
Il y a bien sûr des points à améliorer et sur lesquels il faut encore travailler pour ne pas perdre ce qui a été atteint jusqu’à maintenant. Ainsi, la vérification régulière des réservoirs sous pression GNC de type IV doit aujourd’hui être réalisée en Italie à des intervalles sensiblement plus courts que dans le reste de l’Europe. Federmetano s’efforce continuellement d’assurer non seulement la sécurité de l’utilisateur, mais aussi de simplifier les vérifications de l’état des réservoirs de gaz. Les coûts d’entretien et les temps d’immobilisation constituent actuellement des obstacles à l’introduction à plus large échelle des véhicules au gaz naturel. Lorsque l’on parle de mobilité durable, il est impossible de ne pas mentionner les véhicules utilitaires de plus de 3,5 tonnes. D’autant plus que ce secteur a gagné en importance pendant la crise sanitaire provoquée par la pandémie de COVID-19 et que les scénarios laissent supposer une croissance exponentielle du commerce en ligne.
Qu’en est-il du GNL dans le transport de marchandises?
Le recours au GNL a marqué un tournant dans le transport de marchandises et a permis aux entreprises logistiques et aux mandants d’être plus écologiques. Le réseau dense de stations-service GNC fait souvent office de vitrine pour l’Italie, mais le réseau GNL n’a, aujourd’hui, rien à lui envier. Les ouvertures des nouvelles installations avancent à grands pas: la première a été inaugurée en 2014 et on compte aujourd’hui 71 stations en service. Elles approvisionnement les plus de 2250 camions immatriculés en Italie et ainsi plus d’un tiers de tous les véhicules GNL immatriculés en Europe. 39 stations-service supplémentaires sont prévues (situation: mai 2020). Les défis que doit relever le trafic lourd sont très complexes. Il faut prendre en compte de nombreux facteurs, pas seulement écologiques, mais aussi économiques et sociaux. Et dans ce cadre, il s’agit de ne pas relâcher les efforts réalisés en vue d’une plus grande durabilité pour le bien de la communauté. Le GNL fait aujourd’hui office de solution parfaite pour un transport propre et constitue la seule alternative de qualité bio aux combustibles fossiles.
Votre réseau de stations-service couvre plus de surface qu’ailleurs en Europe. Vous travaillez malgré tout sur une nouvelle extension.
Comme déjà mentionné, le réseau GNC a connu une grande croissance ces dix dernières années. Mais Federmetano ne souhaite pas seulement élargir ce réseau. L’objectif est plutôt d’atteindre une croissance homogène dans toutes les régions. Ceci permettra d’augmenter la flotte de véhicules au gaz naturel afin de garantir ensuite l’efficacité des nouvelles stations-service et la rentabilité des investissements réalisés par les entreprises privées. Notre association a pour mission de promouvoir l’utilisation du gaz naturel comme carburant. Les consommateurs qui connaissent les avantages écologiques et économiques du GNC et du biogaz sont aussi conscients de l’importance de leurs actions sur l’amélioration de la qualité de vie. Nous voulons mettre à disposition des instruments simples et efficaces qui motivent et encouragent les consommateurs à prendre des décisions impartiales à ce sujet.
Comment y parvenir?
Federmetano souhaite avant tout informer et approfondir. C’est aussi l’objectif du projet «Biometano, dalla terra per la terra», en français «Le biométhane, de la terre pour la terre». Nous souhaitons ainsi promouvoir l’utilisation du biogaz. Ce projet s’adresse avant tout aux écoles et aux entreprises pour qui il est stratégiquement important d’atteindre les objectifs de mobilité formulés par l’UE pour 2030 et 2050.
Avec le projet «Biometano, dalla terra per la terra» Federmetano souhaite avant tout informer et approfondir. Source: Federmetano
Rouler au biogaz ne provoque pratiquement pas d’émissions de CO2. Quelle part des stations-service italiennes le biogaz représente-t-il? Et avez-vous l’intention d’augmenter cette part?
Les deux options que sont le GNC et le biogaz ne s’excluent pas mutuellement. Le biogaz est la version bio du GNC qui est d’origine fossile. Le «Biometano», un carburant renouvelable de production 100 % italienne est le seul concept de propulsion présentant un bilan carbone négatif sur tout son cycle de vie. En prenant en compte la totalité de la chaîne de création de valeur (well to wheel, soit du puits à la roue), le biogaz comprimé ou liquéfié offre au final un potentiel de réduction des émissions de CO2 de 80 à 180 % par rapport aux carburants conventionnels. Ceci n’est valable que si le gaz renouvelable est produit à base de déchets organiques ou de lisier, car ce procédé permet de produire et d’utiliser du méthane qui, non utilisé, serait libéré dans l’atmosphère. Aujourd’hui, les chiffres d’utilisation du biogaz confirment les attentes de tous ceux qui, comme Federmetano, se sont engagés en sa faveur.
«Le GNL fait aujourd’hui office de solution parfaite pour un transport propre»
Pouvez-vous développer?
Deux bonnes années après l’adoption de l’ordonnance interministérielle du 2 mars 2018 au sujet du biogaz, cette source d’énergie bio utilisée pour le transport et promue par l’agence de l’énergie GSE (l’un des principaux acteurs dans le domaine de la promotion et du développement de sources d’énergies renouvelables en Italie), a atteint un volume de 44,7 millions de Nm3 en 2019 et près de 15,1 millions de Nm3 au premier trimestre 2020. Avec le volume élevé de biogaz promu par l’agence GSE au premier trimestre, la production totale a atteint et même dépassé cette année le seuil de 50 millions de m3 de biogaz, ce qui correspond à environ 5 % de la consommation actuelle de méthane comme carburant. Du côté de la production, le gestionnaire de réseaux de transport Snam a raccordé 23 installations au réseau de transport/distribution. Il a par ailleurs signé 63 contrats de raccordements supplémentaires qui devraient générer une capacité de transport de 503 millions de Nm3/année. Snam part du principe qu’il est possible d’atteindre une capacité assurée par des contrats de 650 à 750 millions de Nm3/année jusqu’en 2022.
Des perspectives réjouissantes…
Oui, surtout que le potentiel de production de biogaz en Italie est estimé à près de 8 milliards de m3/année en 2030. Ce volume assigné au transport routier suffira pour approvisionner 15 % de tout le parc automobile italien avec des énergies 100 % renouvelables en 2030. Une véritable révolution qui permet de réduire à néant notre dépendance économique en termes d’énergie grâce à un cycle durable qui transforme les déchets en énergie. (2 juillet 2020, cst./Source foto Licia Balboni: Federmetano)