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La conversion d’électricité en gaz, ou Power-to-Gas (PtG), peut contribuer de manière significative à réduire les émissions de CO2 du transport motorisé privé en Suisse. À l’avenir, le méthane de synthèse, aux émissions de CO2 très faibles, pourrait permettre d’alimenter jusqu’à un million de voitures de tourisme dans notre pays. C’est ce que conclut une étude conjointe du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) et de l’Institut Paul Scherrer (PSI) réalisée sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Quelque 12’000 voitures de tourisme et véhicules utilitaires carburent aujourd’hui au méthane sous forme de GNC (gaz naturel comprimé). Certes, ce nombre progresse, mais avec lenteur. Pourtant, d’après l’étude commandée par l’OFEV, une voiture de tourisme sur cinq pourrait fonctionner au gaz renouvelable si la technologie P2G était exploitée de manière systématique.
«Réduction des émissions de CO2 de 70 à 90 % par rapport à l’essence»
Christian Bach, chef du Laboratoire Technologies de propulsion automobile à l’Empa et coauteur de l’étude, a présenté les résultats aux quelque 150 participants du «Symposium de la mobilité durable» au centre Umwelt Arena Schweiz à Spreitenbach (AG). L’étude a examiné la possibilité en Suisse d’utiliser le courant excédentaire en été pour convertir de l’énergie électrique en sources d’énergie chimiques telles que l’hydrogène, le méthane ou les hydrocarbures liquides.
«Les émissions de CO2 de ce million de voitures seraient réduites de 70 à 90 % par rapport aux modèles essence», note Christian Bach. Le procédé Power-to-Gas puise en effet autant de CO2 dans l’atmosphère pour produire le méthane que n’en libère la combustion de ce dernier. Un véhicule GNC fonctionnant au gaz renouvelable présente un écobilan comparable à celui d’un véhicule électrique chargé à l’électricité renouvelable. Dans ces conditions, Christian Bach conclut que les véhicules électriques sont idéals pour les petits trajets et les modèles fonctionnant avec des carburants de synthèse tels que le GNC et le biodiesel, parfaits pour les distances plus longues.
«Le Power-to-Gas peut devenir une technologie clé dans la mobilité»
La conférence du professeur Markus Friedl de la Haute école technique de Rapperswil (HSR) portait sur les défis qui attendent le système énergétique suisse dans un avenir sans sources d’énergie fossiles et nucléaires. À longue échéance, 170 des 240 térawattheures (TWh) actuels par an devront être remplacés. «Le Power-to-Gas est par conséquent l’une des technologies clés de demain», a déclaré le professeur Friedl. Son constat : «Il est possible d’approvisionner la Suisse en énergie renouvelable à un coût raisonnable.» Et de préciser que la conversion d’électricité renouvelable en gaz réduit les émissions de CO2, mais rend aussi la Suisse moins dépendante des importations d’énergie. À ses yeux, des conditions-cadres équitables et neutres sur le plan technologique sont indispensables.
«Une voiture de tourisme sur dix pourrait fonctionner au biogaz»
Walter Schmid a quant à lui souligné l’importance du photovoltaïque. «À l’avenir, les bâtiments seront également des fournisseurs d’énergie», a déclaré le fondateur et président du conseil d’administration du centre Umwelt Arena Schweiz. Il a notamment souligné le vaste potentiel du biogaz issu des déchets organiques. «Si la totalité de ces derniers était valorisée en Suisse, cela permettrait d’alimenter 10% de nos voitures de tourisme en biogaz.» Il a énuméré trois sources de carburants neutres en CO2 en Suisse: la production de biogaz à partir de déchets organiques, l’électricité excédentaire des installations photovoltaïques et le carburant issu des déchets ménagers.
Coca-Cola Suisse mise déjà sur le méthane en tant que carburant. D’ici novembre, le fabricant de boissons mettra en service la plus grande flotte GNC de Suisse. Au total, 180 voitures de tourisme de marque Audi et Skoda et utilitaires VW seront mis à la disposition du personnel à tous les niveaux hiérarchiques. Coca-Cola mettra les 70 premières voitures en circulation à la fin du mois d’août, 110 véhicules supplémentaires suivront en novembre de cette année. «Vendre des boissons ne suffit pas», a affirmé Patrick Wittweiler, en charge du développement durable chez Coca-Cola Suisse en sa qualité de Country Sustainability Manager. Si Coca-Cola mise sur le GNC dans la mobilité, c’est avant tout pour réduire son empreinte carbone. Sur les 1000 premiers kilomètres, chacun des 180 véhicules fonctionnera exclusivement au biogaz, donc quasiment sans émettre de CO2.
Différentes technologies de motorisation et sources d’énergie ont une incidence sur le CO2 et le climat
Outre Christian Bach, Markus Friedl et Patrick Wittweiler, le symposium de l’Umwelt Arena a réuni des conférenciers tels que le conseiller national PLR Thierry Burkart, le directeur d’auto-suisse Andreas Burgener et le chef de la section Mobilité de l’Office fédéral de l’énergie Christoph Schreyer. Ils ont été unanimes : si la Suisse veut réduire ses émissions de CO2 et tenir les engagements de l’accord de Paris sur le climat, toutes les technologies de motorisation et sources d’énergie disponibles peuvent et doivent être mises à contribution.
Pour eux, il ne s’agit pas de savoir si l’option la plus écologique est l’électricité, le gaz ou l’hydrogène, mais comment, grâce à l’utilisation combinée de différentes technologies de motorisation et sources d’énergie, notre pays peut tenir, voire dépasser ses objectifs en matière de CO2 et de climat. (pd, 4 juillet 2019)
Table ronde (de gauche à droite) avec Christoph Schreyer (responsable de l’OFEN Mobilité), la modératrice Daniela Lager, Thierry Burkart (Conseil national du PLR) et Andreas Burgener (directeur Auto-Suisse).
Informations complémentaires sur la mobilité durable: empa.ch, hsr.ch et umweltarena.ch
Tous les articles du symposium d’aujourd’hui peuvent être consultés ici.